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Les Misérables, 4eme partie " L’Idylle rue Plumet et l’épopée rue Saint Denis " Livre 3eme "La Maison de la Rue Plumet" Chapitre 3
Pour échapper aux poursuite du policier Javret, Jean Valjean s'est installé rue Plumet avec Cosette, jeune orpheline qu'il a recueillie et qu'il vient de faire sortir du couvent. La maison possède deux entrées : Jean Valjean n'utilise que l'entrée dérobée de la rue de Babylone et la grille du jardin qui donne sur la rue Plumet reste toujours fermée ; de plus, il laisse le jardin inculte pour na pas attirer l'attention . Ce jardin sera le cadre de l'idylle de Marius et Cosette.
Il y avait un banc de pierre dans un coin, une ou deux statues moisies, quelques treillages décloués par le temps pourrissant sur le mur ; du reste plus d'allées ni de gazon ; du chiendent partout. Le jardinage était parti, et la nature était revenue. Les mauvaises herbes abondaient, aventure admirable pour un pauvre coin de terre. La fête des giroflées y était splendide. Rien dans ce jardin ne contrariait l'effort sacré des choses vers la vie ; la croissance vénérable était là chez elle. Les arbres s'étaient baissés vers les ronces, les ronces étaient montées vers les arbres, la plante avait grimpé, la branche avait fléchi, ce qui rampe sur la terre avait été trouver ce qui s'épanouit dans l'air, ce qui flotte au vent s'était penché vers ce qui se traîne dans la mousse ; troncs, rameaux, feuilles, fibres, touffes, vrilles, sarments, épines, s'étaient mêlés, traversés, mariés, confondus ; la végétation, dans un embrassement étroit et profond, avait célébré et accompli là, sous l'œil satisfait du créateur, en cet enclos de trois cents pieds carrés, le saint mystère de sa fraternité, symbole de la fraternité humaine. Ce jardin n'était plus un jardin, c'était une broussaille colossale ; c'est-à-dire quelque chose qui est impénétrable comme une forêt, peuplé comme une ville, frissonnant comme un nid,