FLAUBERT Gustave Flaubert n'est pas seulement un des plus grands écrivains du XIXe siècle, ni uniquement un auteur « à la mode » dont l'étude s'est considérablement développée dans le dernier tiers du XXe siècle : Flaubert constitue un « problème » aussi bien pour les écrivains que pour les critiques, comme si ses textes pouvaient devenir, régulièrement, le lieu d'émergence de nouvelles questions. Son œuvre est présente, dans l'histoire de la littérature occidentale, comme le symbole actif d'un véritable renouvellement dont la critique d'aujourd'hui n'a pas fini de mesurer les significations et les effets. Sa poétique romanesque, qui a transformé radicalement les exigences stylistiques et les techniques narratives du genre, sa conception absolue du métier d'écrivain ont, en France comme à l'étranger, marqué un tournant dans le sens et la portée que notre modernité attribue à la création littéraire en général. L' « homme-plume » D'où que l'on se place, la vie de Gustave Flaubert paraît toujours plus ou moins s'identifier à l'acte d'écrire, et se tenir résolument au plus près de sa nécessité intérieure d'être écrivain. La littérature n'est pas simplement son idéal, son vrai lieu; c'est sa complexion même, sa façon à lui d'être humain : « … Je suis un homme-plume. Je sens par elle, à cause d'elle, par rapport à elle et beaucoup plus avec elle. » Une certaine fatalité interdit d'ailleurs de considérer Flaubert autrement; non seulement c'est l'histoire de son œuvre qui compose sa véritable biographie, mais l'essentiel de ce que nous pouvons connaître de sa vie événementielle dérive encore d'un de ses gestes d'écriture les plus familiers : la correspondance. Commencée à l'âge de dix ans et poursuivie jusqu'aux derniers jours, cette gigantesque e foisonnante correspondance de près de quatre mille lettres constitue un témoignage irremplaçable sur l'homme Flaubert, sur ses idées, ses goûts, sur la conception qu'il se fait de son métier, sur le sens resté