First to inovate, first to fail
Mais cela n’est pas si facile, nous nous voyons constamment rappeler la nécessité d’innover et, dans le contexte de la crise actuelle, l’innovation est donnée comme la solution à tout. Cela conduit à une sorte de fiction, une représentation faussée du monde économique, où l’on ne perçoit que ce qui va dans ce sens, en négligeant le reste. Or le reste compte.
Il y a deux phénomènes à prendre en compte en particulier. D’une part, le succès des suiveurs, de ceux qui emboîtent le pas aux innovateurs. C’est l’entreprise Howard Johnson qui est pionnière dans la franchise de restaurants, mais c’est McDonald’s qui est le leader incontestable aujourd’hui (White Castle a d’ailleurs été le premier fast food créé). Le second phénomène, c’est le fait que de grandes firmes reconnues pour leur capacité à innover, comme Apple, sont aussi des imitateurs de talent.
Et le succès des imitateurs s’explique facilement. Certes, ils partent avec du retard mais n’ont pas à investir sur les coûts de R&D, sur les investissements marketing, sur la publicité (déjà faite par les pionniers avant eux) : sur la création d’un marché. Et ils évitent les erreurs coûteuses commises par les pionniers.
On a tendance à insister sur la prime à l’innovation. Cela conduit à négliger les coûts et les risques qui sont associés à ces tentatives, et qui conduisent souvent à des échecs. Mais ces échecs ont tendance à être invisibles ou tout au moins discrets, tandis que les réussites seront fortement médiatisées. D’où, le fait que l’on se focalise sur l’innovation. Parallèlement, à la pratique de l’imitation est attachée une sorte de déshonneur, qui fait que