Fiche lecture zazie dans le métro
Publié en 1959, Zazie dans le métro a révélé à de très nombreux lecteurs français l'existence de Raymond Queneau... qui avait pourtant déjà publié dix-huit livres précédemment, sans compter les traductions et les plaquettes !
Pourquoi ce succès ? La question ne peut recevoir véritablement de réponse. Peut-être les Français étaient-ils lassés d'une littérature qu'ils considéraient comme ennuyeuse ? Peut-être l'attaque du livre, "Doukipudonktan", ou les exclamations de la jeune Zazie : "Napoléon, mon cul !", etc., déclenchèrent-elles une rumeur qui porta dans l'ensemble des couches de la population ?
Peut-être l'assimilation de Joyce, tant différée dans notre pays (mais que Charles Chaplin, selon un de nos magazines, aurait identifiée dès les premières pages), peut-être cette assimilation a-t-elle éclaté enfin ? On ne sait exactement...
Bien des éléments ont été fondus dans la création-fabrication de ce livre, où beaucoup est résumé. Il y a certes l'assimilation de Joyce et des Pieds-Nickelés, mais cela ne suffit pas à expliquer le choix d'un sujet. Peut-être l'auteur a-t-il voulu tirer un parti, quoique bien sûr dérivé et dépaysé, de tant d'articles que naguère il écrivit dans l'Intransigeant sous le titre Connaissez-vous Paris ? Nous sommes devant un paysage abstrait (les personnages confondent les monuments) que le langage concrétise. Quant au nom de l'héroïne, Queneau a dit son origine (une autre dérivation). Il y avait en effet, aux temps de l'occupation, une compagne des mirliflores et petits gredins de cette époque, appelés par les bourgeois bien pensants les "zazous", qu'on appelait la grande Zaza.
Ce livre est peut-être un chef-d'œuvre... A le relire, on bute un peu sur les points de passages saillants comme sur autant de points de repère. En tout cas, on admire. Et assez souvent on rit comme on avait ri lors de la première lecture. Enfin – et ainsi qu'il en est pour deux autres romans de Queneau, les Enfants du limon et Saint-Glinglin