À sa grande habitude, Jean-Baptiste Poquelin enfile, outre le costume d’acteur ridicule, celui de moraliste. La pièce « Le Misanthrope » est écrite par Molière en 1666 et le thème majeur est bien sûr l’hypocrisie. L’auteur plante donc la problématique de la sincérité au XVIIème siècle avec la scène d’exposition en début « in medias res ». Alceste, misanthrope intarissable, est le porte-parole du oui dans cette thématique. Effectivement, cette volonté de totale sincérité peut révéler une honorable franchise, mais dans le cas d’Alceste, il est vrai qu’elle vire à l’impolitesse la plus totale. Le héros est incapable de se maîtriser et se voit perdre son procès, qui l’amènera à quitter Paris, ainsi que de se créer de nouveaux rivaux, comme Oronte qui participera à sa ruine.
Le titre Le Misanthrope, L’Atrabilaire amoureux nous éclaire un peu plus sur les conséquences des excès de sincérité. L’atrabilaire du théâtre par excellence est l’héros éponyme d’Hamlet. Or l’usage de ce sous-titre dans une comédie va rendre le héros ridicule du fait qu’Alceste tombe amoureux en totale contradiction de Célimène, la parfaite coquette hypocrite. Cependant Philinte, meilleur ami d’Alceste, émet quelques conditions à cela. Il fait preuve d’une tolérance remarquable vis-à-vis d’Alceste et accepte les défauts de tout le monde avec en tête « Personne n’est parfait ». Il incarne l’honnête homme car il aime vivre en société, contrairement au misanthrope, ce qui l’oblige à manier la politesse. Pourtant être poli peut engendrer l’hypocrisie : utilisant la fonction phatique du langage, Philinte ne pense pas tout ce qu’il dit en usant des « Mon ami ». De nos jours, l’art de paraître a une signification différente qu’au temps du roi Soleil, mais l’usage de la politesse nous est toujours indispensable. Le fait d’être sincère dépend simplement du niveau moral de chacun et des affinités que quiconque entretient. L’entourage proche et la famille nécessitent une sincérité, comme le