Faut-il oublié le passé pour se donner un avenir
L’expression avoir un avenir présuppose qu’il adviendra nécessairement, tandis que se donner un avenir signifie plutôt ce qui dépend de nous, non ce qui nous advient mais ce que nous faisons advenir. Cela ne peut donc pas être un avenir tracé d’avance, mais un horizon qu’on dessine soi-même.
Qu’est-ce qu’un avenir qu’on se donne ? On peut prendre l’exemple des projets individuels, d’un avenir qu’on ne fait pas qu’attendre, mais qu’on prépare et vers lequel on tend ; ou, plus simplement, prendre l’exemple de l’espoir et de l’attente : désir d’un mieux, attente d’un changement, accueil et ouverture à la nouveauté. Il faut supposer qu’on puisse avoir un avenir pour pouvoir se le donner. Celui qui n’a plus d’espoir, n’attend rien, pense n’avoir aucun avenir et ne s’en donne donc aucun, ou celui qu’il se donne c’est de n’en avoir aucun.
Est-il nécessaire d’oublier le passé pour avoir des projets, espérer, accueillir la nouveauté, construire son avenir, comme on dit, qu’il s’agisse des individus ou des peuples ?
Prenons des exemples : celui qui est bourrelé de remords, qui voudrait que ce qu’il a fait n’ait pas été fait, a un passé qui ne passe pas, et il ne se donne aucun avenir, sa faute passée est toujours là qui l’empêche d’envisager autre chose, par exemple qu’il oublie, passe à autre chose, se pardonne et envisage de s’amender ; on pourrait prendre l’exemple de la rancune ou de la vengeance : dans ce cas-là aussi, on rumine le passé, on veut le réparer, on enrage qu’il se soit produit, on le refait, mais en étant impuissant à le défaire. Il ne construit rien, il ne veut que détruire.
Vivre dans le passé ou revivre indéfiniment le même passé empêchent donc d’ouvrir l’avenir.
Se donner un avenir dépend donc de notre rapport au passé : si on le considère comme ce qui n’est plus et