Afin de nous extraire du prisme technique dans lequel tendent à nous enfermer les travaux et discours liés au développement d’internet en Afrique, nous avons retenu la sociologie des médias comme un champ théorique particulièrement pertinent pour nos travaux. Suivant cette logique, nous avons fait l’hypothèse que les théories de l’internationalisation des médias dans le Tiers Monde, de la globalisation culturelle et de l’espace public constituaient un cadre d’analyse opératoire pour problématiser et sociologiser la relation entre médias et identité qui structure nos travaux.La confrontation des controverses théoriques qui animent ces courants avec l’espace public sénégalais nous est apparue comme une étape nécessaire pour cerner les recompositions nouvelles apportées par internet autour de la relation médias et identité. Fort de ce cadre d’analyse, nous avons ainsi pu mettre en lumière, en analysant les « non‐dits » des discours sur la fracture numérique, la rémanence d’une vision ethnocentrique, messianique et industrielle qui caractérisait la sociologie de la modernisation. Les travaux de l’économie politique critique apparaissent également comme un prisme pertinent pour décrire les logiques de domination et de pouvoir qui traversent le web sénégalais. En retravaillant les concepts d’« échange inégal » et de « violence symbolique », nos analyses tendent à montrer que le web favorise l’intégration des internautes sénégalais dans un « système symbolique occidental » saturé par le marketing. Néanmoins, ces regards critiques soulignant le danger d’aliénation et la domination nécessitent d’être nuancés, faute d’en rester à une vision unilatéralement négative et alarmiste. L’analyse du « contexte de connexion » montre que l’influence d’internet sur la société sénégalaise demeure encore très limitée et conditionnelle. Les obstacles structurels et socio‐culturels sont autant de facteurs « immunisant » le Sénégal contre la « colonisation » des esprits évoquée par certains