Extrait thomas more
En Europe au contraire, et surtout des les pays qui professent la doctrine et la religion du Christ, la majesté des traités est partout sacrée et inviolable, grâce à la justice et à la droiture des princes, grâce aussi à la crainte et au respect que leur inspirent les souverains pontifes. Car les papes ne s'engagent à rien qu'ils n'exécutent religieusement. Ainsi obligent ils tous les autres princes à tenir scrupuleusement leurs engagements, employant leur censure et leurs rigueurs pastorales à contraindre ceux qui se dérobent. Ils jugent, avec raison, profondément honteux que la bonne foi soit absente de traités de ceux que l'on désigne tout particulièrement comme les croyants de la vraie foi.
Mais dans ce nouveau monde qui est séparé du nôtre par l'équateur, et bien davantage encore, par la différence des coutumes et des mœurs, personne ne peut se fier à un traité. plus religieusement, on aura entortillé un texte dans les cérémonies, plus vite on le viole. Les échappatoires sont toutes prêtes dans une rédaction qui a été astucieusement combinée pour que nulle obligation ne soit inéluctable, mais qu'on puisse toujours s'y dérober, en éludant en même temps le traité et la promesse. Ces ruses, ces supercheries, cette traîtrise si on les découvrait dans les contrats entre personnes privées, les mêmes hommes qui se vantent de les avoir conseillées à leurs souverains, les déclareraient avec une belle indignation sacrilèges et dignes du pilori. C'est pourquoi la justice fait figure de vertu humble et populaire, assise