Extrait de la nouvelle le regard singe, issue du recueil la brûlure des cordes, toole francis xavier, editions albin michel, 1970.
Joyce Carol Oates.
F.X. Toole est le pseudonyme de l'entraîneur de boxe Jerry Boyd, surtout connu pour son recueil de nouvelles intitulé Rope Burns: Stories from the Corner (traduit en français sous le titre La Brûlure des cordes). A lire absolument!
J’arrête le sang.
Entre deux rounds, j’arrête le sang de couler pour qu’un boxeur puisse continuer à combattre. […]
On n’y arrive pas toujours, quoique. Les gens de la partie le savent bien. Si l’entaille est trop profonde ou trop large, ou si vous avez une veine éclatée là-dessous, le sang continue à sortir. Il faut parfois deux ou trois rounds pour l’arrêter, ou même plus. Parce que le cœur du gars bat tellement fort, ou parce qu’il se fait encore ouvrir. Une fois que le coagulent est dans la plaie, il arrive qu’un nouveau coup de l’adversaire juste dessus suffise à refouler le sang dans la zone en question et permette au produit de commencer à agir. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a plein de variantes possibles selon qu’on travaille sur différentes profondeurs de chair. Tant qu’un bon soigneur arrive à les maîtriser, il est capable d’arrêter la plupart des saignements. Mais pas tous.
Il y a plusieurs raisons d’interrompre un combat. Un œil au beurre noir qui ne peut plus s’ouvrir, ça peut en être une. Mais une plaie, en soi, non. Tout dépend où elle est placée. Sous l’œil ou à côté, en général il n’y a pas de quoi sonner la cloche. Dans l’arcade sourcilière ou au-dessus, dans le front ou dans le cuir chevelu non plus. Un nez cassé ? Des fois oui, des fois non. A la paupière, ça peut mettre fin au match très vite, parce qu’il y a un risque que le globe oculaire