Explication de différence de croissance récent entre usa et france
Comme nous l'avons déjà montré (Futuribles, n° 299, juillet-août 2004), alors que le niveau de vie des Européens avait progressivement rattrapé celui des Américains durant les Trente Glorieuses, l'écart s'est à nouveau creusé depuis lors. Comment expliquer ce déclin relatif de l'Europe vis-à-vis des États-Unis ainsi que les performances du reste inégales des pays du Vieux Continent ? Les experts sont divisés sur les motifs profonds de ces divergences.
Économie de la connaissance oblige, sont le plus souvent évoquées les moindres dépenses de recherche-développement, la faiblesse de l'innovation, les rigidités du marché du travail des pays du Vieux Continent et, singulièrement, de la France. " Erreur ! " affirment ici Philippe Durance, Michel Godet et Michel Martinez : l'explication se trouve dans le différentiel de croissance démographique et l'inégale intensité de travail mesurée à l'aune du temps de travail et, plus encore, du taux d'emploi.
L'argumentaire des auteurs se résume en trois points. En premier lieu, affirment-ils, les écarts de taux de croissance entre les États-Unis et l'Europe s'expliqueraient pour les quatre cinquièmes par le différentiel de croissance démographique, ensuite par la moindre durée de travail des actifs occupés (un actif américain travaille 25 % de plus qu'un Français), enfin par le faible taux d'emploi des Européens entre lesquels les écarts se sont eux-mêmes creusés singulièrement, par exemple, entre la Grande-Bretagne et la France.
Et, ici, les auteurs avancent un argument qui ne manquera pas d'interpeller nos lecteurs : " Que les Français arrêtent donc de se glorifier de leur productivité apparente du travail ; celle-ci est d'abord la conséquence statistique de la mise au rebut des moins productifs " écrivent-ils. En d'autres termes " la productivité horaire serait un indicateur d'exclusion " et mieux