Expiation
Le père Lucius se précipita suivi de ses fidèles dans l’unique église du village. Les païens venaient de prendre la ville. Avec la cinquantaine de paroissiens survivants, ils se barricadèrent avec l’aide des bancs.
De dehors parvenaient cris barbares et jurons païens. Réuni avec les derniers chrétiens de Holfe, le prêtre se mit en place pour un dernier sermon. Les fidèles se rassemblèrent autour de lui et attendirent la parole de Père Lucius :
« Mes fils, Mes filles, Dieu met à l’épreuve notre foi, tel Job lors de ses tourments. Les païens nous attendent dehors, prions pour nos âmes condamnées, et prions pour notre salut éternel.
Vous le savez autant que moi, ces barbares égorgeront vos enfants, violeront vos femmes, pilleront les cadavres avant de se répandre de leur chair. Les laisserons-nous faire ? »
Un non tonitruant sortit des gorges fatiguées, ce mot comme sortit de mille gorges fit trembler les fondations de l’église. Pendant une minute, un silence complet régna avant de mourir sous les rires et jurons des barbares. Père Lucius inspira profondément et reprit son discours, son regard allait lentement d’un paroissien à l’autre, un regard paternel, un regard dur. Levant ses maigres bras vers le ciel il reprit :
« Il n’y as plus que un seul moyen d’accéder au Paradis, c’est la purge par le feu ! Débarrassons- nous de nos corps souillés et impurs. Expiation par le feu ! »
Tous les fidèles le regardaient avec une lueur fanatique dans l’œil, le prêtre répétait Expiation, finalement tout les croyants le répéter de plus en plus fort. Ils prirent alors les torches accrochées au mur puis ils mirent le feu aux bancs en premier lieu. Une fois le feu parti, tous les fidèles du Christ se réunirent au centre de l’église, autour du prêtre psalmodiant d’ancien cantique de l’Ordre.
Pas un cri de souffrance ne s’échappa des fanatiques dans leur brasier. Pas une larme de douleur ne sorti de leur yeux Pas un gémissement se fit entendre des gorges fondantes.