Dans ce texte extrait de la Critique de la faculté de juger, Kant entend marquer les différences entre une machine et un être vivant : le second est irréductible à la première.En effet, si dans une montre, par exemple, il y a bien transmission du mouvement d'une partie de l'objet à une autre ; en revanche, pas plus la montre elle-même qu'aucun de sesrouages n'est responsable de la formation de l'ensemble et de leur organisation spécifique : c'est l'artisan qui en est l'auteur. L'être vivant au contraire, s'organise de lui-même,il donne forme par sa seule et propre spontanéité aux matériaux qui composent ses organes. On peut donc dire que dans ce texte Kant s'attaque à la compréhension purement mécanistedu vivant, telle qu'on la trouve en particulier chez Descartes. Certes, dans cette machine qu'est une montre, une partie fait bien se mouvoir une autre partie (c'est même safonction propre de produire un tel effet mécanique), mais elle ne la produit pas : c'est l'horloger qui a conçu la montre et qui l'a fabriquée « d'après des Idées » ; c'est lui qui aorganisé les parties de la montre en fonction de l'effet qu'il voulait produire. On a affaire ici à une finalité purement externe, parce qu'elle est le fait de l'horloger, non de lamontre. La seconde partie de notre texte atteste cette différence : une machine ne peut pas plus produire d'elle-même ses parties que produire une autre machine, ou se réparer touteseule si elle est défectueuse. Or tous ces phénomènes d'autoproduction, de reproduction et d'autoréparation sont, à l'opposé, constatables de manière manifeste dans la nature vivante :celle-ci paraît bien être douée d'une force productrice finalisée de manière interne. Encore faut-il expliquer cette différence jusqu'à présent seulement constatée : si l'on