Être moi, c’est exister pour moi, me savoir être un et unique sous chacun de mes états de conscience, et cette certitude semble accompagner chacun de mes états de conscience. Car je perçois que je perçois, je m’entraperçois et je sais que c’est moi qui perçois, que je suis. Et pour cela je semble n’avoir nullement besoin des autres, de toi. Mais être moi, c’est aussi savoir qui je suis et avoir un sentiment de cohérence interne et externe, et là certains autres peuvent au contraire apparaître comme utiles pour me connaître, car paraître devant les autres, c’est être mis demeure de me juger et donc de prendre conscience de celui que je suis. La solitude peut être synonyme d’aveuglement sur soi. Aussi on peut se demander si sans toi je serais vraiment moi. Le fait d’être moi n’est-il pas un donné sans condition ? Ou n’ y a-t-il pas aussi de bonnes raisons d’affirmer que certains autres singuliers participent activement à ma réalisation ? Et plus fondamentalement Qu’est-ce qu’être moi ? Suis-je moi ou ai-je à devenir moi ? Puis-je être moi avec ou sans toi? Nous nous demanderons donc si je ne peux pas me passer des autres pour être moi, si pour autant certains être s singuliers ne peuvent jouer un rôle essentiel dans ma connaissance et ma réalisation et si enfin c’est seulement à cause des autres que je ne peux être vraiment moi.
I. Sans toi, il semble que je sois moi
« je pense donc je suis » selon Descartes, ce qui signifie que si j’ai une activité mentale consciente, je sais que je l’ai et que je suis. C’est la seule certitude que je peux avoir si je joue au jeu du doute hyperbolique, où l’autre que je perçois par les sens ou que je déduis par raisonnement devient douteux et donc faux. Ma propre conscience est la seule réalité, les autres consciences, le monde extérieur ne sont que des représentations dont je peux douter. C’est ce qu’on appelle le solipsisme. au cogito théorique de Descartes s’ajoute selon Hegel, le cogito pratique: je peux prendre conscience