Ethique de l'image
Analyse critique et réflexion autour de deux documentaires.
La chasse au lion à lʼarc de Jean Rouch (1967) et Faits divers de Raymond Depardon (1982)
Par Cesar Luciani
Introduction Les deux films proposés racontent lʼhistoire dʼun métier, dʼune activité de tous les jours. A travers des approches et des dispositifs différents, ces deux cinéastes nous proposent dʼapprocher un savoir-faire qui prend sens dans le contexte dans lequel il se produit. Tantôt empreint de règles ou de traditions, tantôt de bruit ou de musique. Ces deux films représentent, au-delà de leur âge, deux manières de voir la société dʼaujourdʼhui et dʼhier. Ils demeurent pourtant fortement ancrés dans leur époque, prémices du film anthropologique pour le premier et autopsie dʼune société en crise pour le second.
La chasse au lion à lʼarc de Jean Rouch (1967)
Dispositif et relation filmeur/filmé Jean Rouch nous invite a entrer dans ce quʼil nomme « le pays plus loin que loin, le pays de nulle part ». Lentement, au rythme dʼun texte conté, nous pénétrons dans cet espace fait de brousse et de désert. Ici, le narrateur est au premier plan, très explicatif voire didactique, il relate les faits qui se produisent à lʼécran. Cette voix monocorde accompagne le film jusquʼà la fin. Dans un style très littéraire baigné de poésie, ce texte donne à lʼensemble du documentaire un côté très maîtrisé, presque scolaire. La distance que prend le cinéaste est claire dès le départ. Il est là en tant quʼobservateur. Il nʼintervient pas dans les événements quʼil filme (du moins, pas directement) et ne prend jamais part à un dialogue. Le regard est ici celui du scientifique, de lʼethnologue. Il attache beaucoup dʼimportance aux mouvements des corps, aux gestes. La caméra sʼapproche parfois pour apprécier davantage un détail, une technique particulière. Pourtant, jamais lʼobjectif ne sʼaventure au-delà dʼune certaine limite. Les protagonistes sont observés à bonne distance