Un Archipel, Till Rosken, Marie Bout

Les réalisateurs ont choisi d’expliquer un lieu situé à la confluence de nombreuses infrastructures, un lieu fissuré que le titre semble définir avec lyrisme. Ces bouts de terre ont aussi une histoire et une authenticité indéniable.

L’auteur décrit ce qu’il filme en chuchotant, comme s’il prenait ses précautions en découvrant un lieu qui lui est inconnu. Il va rencontrer des habitants qui vont l’emmener à travers leur ville. Ces personnes délivrent leur propre vision des lieux en disant ou en chantant leurs textes. Le documentaire passe ainsi de point de vue en point de vue ; qui se croisent ou s’opposent. En pénétrant ainsi dans l’intimité des différents acteurs, et en subissant les changements récurrents de point de vue, le spectateur disposent de moyens conséquents et nécessaires à la compréhension d’un lieu, et en découvre une puissante sensibilité parfaitement légitime.

Les auteurs jouent donc de l’alternance des différents points de vue. Pour ce faire, l’environnement sonore et visuel agit comme des éléments de transition. Par exemple, le discours d’une femme au bord de l’eau se termine avec le son d’un paquebot qui couvre peu à peu la voix, et que la camera décide de suivre. Ainsi, les auteurs semblent se placer au même niveau que le spectateur ; ils découvrent le site en se laissant guider par les habitants, puis s’échappent, certainement pour envisager une réflexion plus personnelle.

Aucun plan d’ensemble n’est montré, la compréhension intime du lieu ne résulte en aucun cas d’un travail d’analyse de situation, ou sociologique, mais s’effectue bien à échelle humaine. Les lieux sont parfois nommés mais ils ne sont pas situés. Au cours du récit, Marie Bout inscrit des phrases a certains endroits choisis ou place des gommettes de couleurs. Ces points de repère sont vraisemblablement placés de manière aléatoire, mais on peut également suppose que ceux-ci s’inscrivent dans un schéma précis et matérialisent