Il y avait tout ce monde. Ces gens que je ne connaissais pas, n'aimais pas. Pourtant, ils étaient là. Pour chacun de mes pas, ils m'accompagnaient, me guidaient. J'avais cette vague impression de vivre à travers eux. Qu'ils aient en tête l'idée que, sans eux, je n'étais rien. Alors j'étais partie. J'avais plaqué Paris et sa culture débordante. Ses rues des plus modernes au plus anciennes. Je venais de quitter ma mère enceinte, la laissant seule se débrouiller avec mon père absent les trois quarts du temps. J'avais tout abandonné pour essayer de vivre, à nouveau. Différemment, cette fois-ci. Livrée à moi-même face aux obstacles de la vie. C'était ce que je désirais. Alors, j'étais partie. J'étais allée habiter chez ma tante, tout aussi absente que mon père. Par la même occasion, j'avais la chance de revoir mon petit frère, ou pas. Le revoir allait être douloureux. Ca allait réduire mon coeur à néant, ça oui. Mon petit frère. Même sang, même chair. Celui que j'idolâtrais tant. Que j'affectionnais tant. Que l'on s'enlève l'idée que je fuyais, alors.
Le temps des vacances d'été, voilà la période que je n'aimais point. Je tuais mon temps au travail. C'était l'arrangement que j'avais conclu avec ma tante. Quelle tante, dois-je dire ! Je devais participer au frais pour vivre avec elle. Alors qu'elle n'était, soit dit en passant, jamais là. Contrairement à toute attente, je l'en remerciais d'être aussi stricte. Ma mère n'aurait jamais accepté que je travaille pendant les vacances d'été. Voyons, j'en suis trop incapable !
Ma mère... Ma pauvre mère qui est en cloque à quarante cinq ans ! Si vous saviez à quel point je peux l'aimer, malgré ses erreurs. Elle n'a jamais étè présente dans ma vie, seulement pour mes échecs. Toujours à me rabaisser. Ca c'était ma mère, belle, ridée, ignorante et totalement égoïste. Et il y avait mon père, aussi. Ou plutôt, un fantôme. Un coup de vent présent de temps à autres. Il était aussi égocentrique que ma mère, supérieur et écoeurent.