Essai
Un petit témoignage vieux de 55 ans
Ces faits réels ont eu lieu à Oujda ( Maroc ) - alors que le pays était encore sous Protectorat Français - précisément à l'Ecole Française Jules Ferry. La classe : CE2 fréquentée par une quarantaine d'élèves Français et Françaises ainsi qu'une poignée de petits Arabes Musulmans; l'année scolaire 1954/55; notre Instituteur: le brave Monsieur Martin.
Lors de la séance d'écriture où notre Instituteur insistait sur les pleins et déliés, un geste maladroit de ma plume ' Sergent-Major ' a eu pour conséquence une grosse tache d'encre!
Le maître, furieux, se contenta de dire: ' Khiat, tu es puni '!
A 11 H. toute la classe sortit, sauf moi. J'étais consigné de 11H à 12H pour manque d'appli-cation. Mon brave Instituteur s'assit à son bureau pour corriger les cahiers, pendant que je lui tournais les dos, dans mon coin, les deux mains sur la tête, le vieux cartable entre mes pieds.
J'avais peur; de qui? Eh bien! de l'autre Maître, le Maître Coranique, car il fallait, la classe terminée, se rendre à l'Ecole Coranique pour apprendre quelques versets du Coran, Livre Saint des Musulmans.
En effet, nos parents tenaient à ce que notre instruction se fasse à l'Ecole Française sans pour autant, négliger la formation religieuse. Cette dernière était dispensée dans une Ecole Coranique, simple garage aménagé en lieu d'instruction: ni tables, ni bancs, ni livres, ni cahiers, et bien sûr, pas de tableau noir! Tout simplement, une vieille natte en alfa et une planche lisse sur laquelle on recopiait des versets avec un qalam, plume confectionnée avec un morceau de roseau, que nous trempions dans une sorte d'encre fabriquée par nous-mêmes avec de la laine brûlée. C'était à ce deuxième Maître que je pensais… plutôt à son long bâton d'olivier.
Après quelques minutes d'hésitation, je pris mon courage à deux mains et je quittai mon coin. Mon brave Instituteur leva la tête et me vit devant lui. Etonné sans doute de mon