Essai FR 104 Nikolski
Vous ai-je déjà parlé de la folie? Sentiment d'éparpillement et de confusion, qui pousse l'être à se chercher sans cesse sans jamais vraiment se trouver. Je me rapelle avoir lu quelque part que cet état de lucidité trouble s'identifie à la tendance que partagent certaines personnes à réemprunter la même voie, le même chemin, en espérant aboutir quelque part de différent à chaque voyage. En outre la folie, c'est de refaire la même chose encore et encore, en s'attendant toujours à ce que le résultat final soit toujours différent des résultats qui le précèdent. Ou l'est-ce réellement? Combien nombreux sont les pionniers et les aventuriers qui, assoiffés de découvertes et avides de connaissances, décidèrent de partir sur les traces de leurs ancêtres, empruntant la même direction que ceux-ci? Étaient-ils fous ? Et où diable ont-ils abouti? Certainement pas tous à la même place, comme le laisse présager le théorème présenté plus haut. Mais pourtant, il existe souvent un certain rapport de similarité entre ces pionniers émergeants et la trace profonde et encore fumante qu'ont laissés derrière eux nos arrières-arrières grands-parents. C'est d'ailleurs ce que tente de confirmer Nicolas Dickner, à l'aide de Nikolski, roman fugace entremêlant voyages, généalogie, destins, questionnements et biologie marine, mettant en scène les attachant personnages que sont Noah Riel, Joyce Kenty et ce libraire dont le nom est omis tout au long du roman. Ces personnages n'ont en commun que leur père, Jonas Doucet - nom sans nul doute inspiré de ce légendaire héro catholique qui passa trois jours et trois nuits lové au creux de l'estomac d'un gargantuesque poisson – duquel ils ne connaissent que des récits et de rares images capturés à l'aide d'un appareil photo. Ce que l'on sait toutefois, c'est que ce dernier possédait un amour et une passion sans pareil pour le voyage et l'aventure, qui poussera entre autres Joyce à s'extirper de son confort familial pour se lancer