Ecrit d'invention
Une semaine plus tard, une coupure d'eau m'a remis sur son chemin. La fin de la journée approchait et je commençais à m'inquiéter. Je ne savais pas quoi faire. C'était mon premier appartement et je découvrais l'indépendance. Mes parents ne répondaient pas à mes appels. Je me suis dit que mon voisin avait dû en connaître, des coupures, dans sa longue vie…
Je n'ai frappé qu'une fois. Il m'a tout de suite ouvert. J'ai alors retrouvé ce sourire étincelant et il m'a invité à entrer, d'un geste de la main. Il m'a ensuite indiqué un fauteuil puis il a disparu pour revenir, quelques secondes plus tard, avec une cafetière et deux tasses.
« Pas facile, hein, de se passer d'eau courante ? »
J'ai failli sursauter. Quelle voix ! Quelle vie ! Je m'attendais à une voix chevrotante, aussi usée que ses vêtements. Je pensais que ses mots allaient boiter et voilà qu'ils sautillaient ! Ses grands yeux bleus me fixaient, attendant une réponse, et son visage restait incroyablement lumineux. J'étais perdu entre ma stupeur et ma curiosité ! J'ai bafouillé quelques mots avant de lui demander si ces coupures étaient fréquentes.
« Oh oui. Ça arrive ! Mais rassurez-vous, l'eau courante, c'est comme le moral : ça finit toujours par revenir ! »
Il a ponctué sa phrase d'un grand éclat de rire qui résonne encore dans ma mémoire. Qu'est-ce qui pouvait bien le rendre si léger ? Il m'a demandé mon âge, et j'ai avoué n'avoir que dix-huit ans.
Il a sifflé,