Droits de l’homme et developpement dans le sillage du printemps arabe
Il y a des moments dans l’histoire où chacun de nous est appelé à déclarer quelle est sa position. Je crois que nous vivons l’un de ces moments. Au cours de l’année écoulée, à Tunis, au Caire, à Madrid, à New York et dans des centaines d’autres villes grandes et petites à travers le monde, la voix des gens ordinaires s’est élevée et leurs demandes se sont clairement exprimées. Ils veulent que les humains soient placés au centre de nos systèmes économiques et politiques, qu’une chance de participer véritablement aux affaires publiques leur soit donnée, que leur vie soit empreinte de dignité, à l’abri de la peur et du besoin. Fait remarquable: l’étincelle qui a allumé l’incendie du Printemps arabe, destiné à s’étendre finalement à des villes du monde entier, a été l’acte désespéré d’un seul être humain qui, s’étant vu refuser maintes fois les ingrédients les plus élémentaires d‘une vie digne, s’est immolé par le feu et, ce faisant, a déclaré qu’une vie amputée de la jouissance des droits de l’Homme n’est pas une vie digne de ce nom. Mais les brindilles sèches de la répression, de la privation, de l’exclusion et de la violence s’étaient accumulées pendant des années, en Tunisie, dans toute la région et au-delà. Les actions, les omissions, les excès et les abdications des gouvernements de la région furent certainement le facteur essentiel. Et les actions d’Etats puissants extérieurs à la région, étayant des régimes autoritaires et poursuivant des politiques destructrices dictées par leur intérêt égoïste qui encourageaient la répression, l’impunité, le conflit et l’exploitation économique, ont aussi joué un rôle capital. Mais, au niveau international, les évaluations offertes par les institutions financières et les agences de développement dans la période antérieure au Printemps arabe sont aussi fort éclairantes: la Tunisie, at-on dit, enregistrait “des progrès remarquables: croissance dans