Dom juan
Le père de Dom Juan a une haute image de ce qu'il doit à son rang, et à la morale. C'est le type même du "père noble", et sa noblesse morale, l'amour sincère qu'il éprouve pour son fils, sa dignité en font un personnage touchant. Mais il a peu de place dans la pièce : deux scènes seulement, IV, 4, dans laquelle il est odieusement bafoué, et V, 1 dans lequel il est dupé par la nouvelle attitude de Dom Juan. Dans les deux cas, il n'a pas le dessus et montre surtout sa faiblesse.
Donne Elvire : c'est elle qui donne à Dom Juan un ultime et touchant avertissement. Jeune, belle, noble dans ses sentiments comme dans sa nature, elle aime sincèrement Dom Juan. Mais lui ne voit en elle que la femme, et ne l'écoute même pas.
Les deux représentants les plus nobles et les plus touchants de la morale et de la religion se caractérisent d'abord par leur impuissance. Tous deux sont des victimes, et leur rôle dans l'intrigue est loin d'être décisif.
Tout le prestige revient donc à Dom Juan, qui dans son défi à Dieu a le courage d'aller jusqu'au bout, jusqu'au sacrifice de sa vie. Son dernier mot est un hurlement de douleur physique... mais nullement un aveu de défaite ! L'on comprend que la pièce, aussitôt après le Tartuffe, ait mis les dévots hors d'eux...