Doit-on craindre une politique du "care" ?
Doit-on voir ici la marque d'un intérêt fugace porté par la seule ambition politicienne de se draper dans une nouvelle forme de modernité sociale ? Faut-il redouter une instrumentalisation démagogique de ces héros ordinaires, dont la propre vulnérabilité est généralement à la mesure de la dépendance de celles et ceux qu'ils aident au quotidien ? Ou assistons-nous aux prémisses d'une politique qui amènerait non seulement à reconnaître de nouvelles compétences aux familles sur le plan socio-sanitaire, mais aussi à inventer une gouvernance adaptée à cette dimension informelle des soins et de la solidarité ?
Le chemin est étroit pour une véritable politique du "care" qui se trouve bordée d'un double risque : celui d'une forme de démission de l'Etat vis-à-vis de ses responsabilités de solidarité collective et celui d'une intrusion normative dans l'une des dernières enclaves de résistance à la marchandisation – la solidarité de proximité. Reconnaître l'activité indispensable de soutien, d'attention, de bienveillance des "aidants" vis-à-vis de leurs proches, c'est accepter de considérer la fragilité et les besoins considérables de plus de trois millions de concitoyens. C'est surtout engager l'Etat dans une