Dans le texte de présentation du film, l'on a déjà relevé plusieurs faits historiques importants qui ont motivé la décision de Chaplin de réaliser Le Dictateur. Ainsi, les lois raciales de Nuremberg et les pogromes comme ceux de «la nuit de Cristal» sont clairement évoqués dans le film; les incertitudes des Juifs allemands hésitant entre l'exil et le risque de voir leur situation empirer encore sous le régime nazi (ce qui allait malheureusement être le cas) sont également bien décrites à travers notamment le personnage d'Hannah qui croit à un moment à une accalmie dans les persécutions raciales avant finalement de se résoudre à fuir en Osterlich que Hynkel va cependant bientôt envahir. Cette Osterlich de fiction est bien sûr le masque de l'Autriche réelle (Österreich en allemand) qui fut annexée par l'Allemagne nazie en mars 1938.Hynkel est évidemment une caricature de Hitler: on reconnaît notamment sa moustache, ses uniformes ou encore sa manière de parler lors de meetings ou à la radio. Chaplin montre bien d'ailleurs tous les instruments dont Hitler s'est servi pour constituer son personnage et imposer sa propagande aux Allemands: avec ses uniformes, Hitler aimait ainsi se montrer en militaire, en chef de guerre prêt au combat, par opposition aux autres hommes politiques en civil désignés alors comme des lâches; par ailleurs, en public, il ne discutait pas, il ne parlait pas mais il criait, il hurlait sa haine des démocraties et des Juifs, notamment lors des meetings du parti nazi. Mais à l'égard des «bons» Allemands, il montrait aussi un visage plus aimable comme lorsqu'il posait pour les photographes avec de jeunes enfants sur les bras ou qu'il arborait un costume traditionnel comme celui que porte Hynkel lors de la chasse aux canards sur le lac.
Dans cette propagande, les meetings comme celui mis en scène à la fin du film jouaient un rôle essentiel: ils devaient montrer la force et la puissance des troupes nazies rassemblées autour de leur chef. Un de ces