Dissertation les animaux de la peste
Soudain un cerf fend de force la foule d'animaux malades et sort de l'assemblée avec assurance. Tous furent émerveillés par sa beauté; de son pelage roussâtre d'automne et surtout de ses longs bois brillants sur son front. Puis d'une voix claire et forte, il déclara :
" - Je vous salue, chers amis et animaux, dans cette période difficile dans laquelle nous sommes tous concernés. Cependant, permettez-moi de vous remettre en question sur cette solution cruelle et injuste.
Tout d'abord, depuis le début de ce conseil, je n'ai entendu peu d'aveux de la part de chacun des animaux ici présents. Mais voilà, je me demande une chose : Êtiez-vous honnêtes? Ces aveux étaient-ils vrais? Or, j'ai noté qu'il y avait des petits fourbes qui ont tourné leurs aveux de manière à ce qu'ils soient épargnés alors que, j'en suis sûr, ils avaient commis des horreurs impardonnables.
Certes, vous voulez épargner votre petite vie mais vous ne pourriez la vivre après l'avoir échangée contre une plus sage, plus sincère et dont les fautes ont été futiles comparées aux vôtres.
Certes, nous sommes frappés par une des pire maladies qui soit, la Peste, au point d'être désespérés. Mais le désespoir n'est pas synonyme de folie. Ceci est une maladie, point une punition du diable. Comment avons-nous pu dépasser le stade d'accepter un sacrifice? Je suis contre le sacrifice! et celui-ci n'est même pas un sacrifice consentant, il est forcé.
Autant faire un sacrifice collectif. Nous sommes tous coupables. L'Âne est coupable lui aussi mais ce qui le différencie de vous : c'est qu'il n'est pas un menteur. La mort ne résoudra rien. Nous cherchons tous la guérison. Mais pas celle que vous croyez, au plan physique, mais celle au plan moral. Nous devons guérir de l'égoïsme ancré au fond de nous et du mensonge. Pour l'autre guérison, peu m'importe votre sort.
Vivez ou mourrez. Vous aurez ce que vous méritez."