Dissertation et fiche de lecture
DES
PRINCIPAUX ÉCRIVAINS
FRANÇAIS
XI.
RACINE.
(1639-1699.) Il est difficile de décider à qui appartient la première place parmi les cinq grands poëtes qui ont illustré le siècle de Louis XIV. Si l'on considère la connaissance et la peinture exacte du cœur humain, on la donnera à Molière ; pour la grandeur et la sublimité des conceptions, à Corneille : pour le génie simple et naïf, à La Fontaine ; pour la sûreté du goût et l'influence, à Boileau; mais si l'on consulte la perfection des œuvres, la prééminence revient à Racine. Dans la structure du drame, dans la marche d'une action simple, développée avec un art savant et ingénieux, dans la magie du style, dans l'habileté de la versification, Racine est resté sans rival. On proposait à Voltaire de faire sur Racine un Commentaire pareil à celui qu'il avait fait sur Corneille. Il répondit : « Il n'y a qu'à mettre au bas de « chaque page '.beau,pathétique, harmonieux, admirable.»
Jean Racine, le plus parfait de nos poëtes, naquit à La Ferté-Milon, petite ville située entre Meaux et Soissons. Son père était contrôleur du grenier à sel. Resté orphelin, à l'âge de quatre ans, il fut élevé par son aïeul maternel. Il lit de bonnes études au collége de Beauvais, puis à PortRoyal-des-Champs, où sa grand'mère, devenue veuve, et trois de ses tantes avaient embrassé la vie religieuse. Il y fut l'élève bien-aimé du médecin Hamon et de l'avocat Le Maistre. C'est dans cette sainte maison qu'il apprit la langue d'Homère et d'Euripide dont il devait faire revivre les beautés dans la poésie française, et qu'il puisa ces principes religieux que, plus tard, il porta jusqu'à la piété la plus fervente. La docilité du jeune orphelin envers ses maîtres égalait son ardeur pour l'étude. Il eut pourtant un jour l'air de s'émanciper. Son goût pour les romans et la poésie alarmait les pieux solitaires. Lancelot lui avait ôté des mains le roman grec de Théag'ene et Chariclèe. Il s'en procura un autre exemplaire; on le lui ôta