Deligny la grande cordée
En 1948, Deligny est détaché, grâce à Henri Wallon, à son laboratoire de psychobiologie de l’enfant à Paris. C'est ici qu'auront lieu les réunions de création de La Grande Cordée, «tentative de prise en charge “en cure libre” d’adolescents caractériels, délinquants et psychotiques». Ce centre est présidé par Henri Wallon et contrôlé par Louis Le Guillant (suivi médico-psychologique des enfants), deux personnalités éminentes du parti communiste (Deligny devient lui-même membre du PCF en 1948).
L’association s’appuie sur les mouvements d’éducation populaire et sur un réseau de militants communistes, trotskystes et anarchistes. Les adolescents sont envoyés pour des apprentissages professionnels dans des familles d’accueil ou dans des auberges de jeunesse.
Il s’agira de faire en sorte que les « parents se rendent compte que la cause du mal ne se trouve pas dans l’enfant, même s’il ressemble par le nez ou les oreilles à un oncle fou, mais dans tout ce « reste » que les parents subissent : horaire de travail invraisemblable ; hargne de la grand-mère déplantée dans sa cuisine trop petite ; solitude effarée dans les halos des bruits de la Capitale... » Cette expérience sera relatée dans son livre « Les Vagabonds efficaces ».
Les premiers adolescents sont confiés à La Grande Cordée par le professeur Heuyer (hôpital Necker, Paris), puis par les services sociaux et les familles.
Durant l’été 1954, La Grande Cordée séjourne dans le Vercors. Le soir, les adolescents projettent des films dans les hôtels environnants. À l’issue de ce séjour, Deligny publie dans Vers l’Education Nouvelle, la revue des Ceméa (Centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active), un texte intitulé « La caméra, outil pédagogique » qui témoigne de la place qu’il entend donner au cinéma dans l’organisation.
Deligny conçoit le cinéma comme une activité centrale de La Grande Cordée. Il anticipe avec une géniale clairvoyance l’idée d’un cinéma documentaire