David hume
EXTRAIT
Il y a certains philosophes qui imaginent que nous avons à tout moment la conscience intime de ce que nous appelons notre moi ; que nous sentons son existence et sa continuité d'existence ; et que nous sommes certains, plus que par l'évidence d'une démonstration, de son identité et de sa simplicité parfaites.
Pour moi, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j'appelle moi-même, je tombe toujours sur une perception particulière ou sur une autre, de chaleur, de froid, de lumière ou d'ombre, d'amour ou de haine, de douleur ou de plaisir. Je ne parviens jamais, à aucun moment, à me saisir moi-même sans une perception et je ne peux jamais rien observer d'autre que la perception. (…)
Si un homme, après une réflexion sérieuse et dénuée de préjugés, pense qu'il a une notion différente de lui-même, je dois avouer que je ne peux plus discuter avec lui. Tout ce que je peux lui concéder, c'est qu'il peut, tout autant que moi, avoir raison et que nous différons essentiellement sur ce point. II se peut qu'il perçoive quelque chose de simple et de continu qu'il appelle lui-même, encore que je sois certain qu'il n'y a pas un tel principe en moi.
David HUME - Traité de la nature humaine.
INTRODUCTION :
David Hume, figure du XIIXé siècle anglais, aborde dans son Traité de la nature humaine, la question du moi. Mais qu’est-ce que le moi ? Le moi est-il un principe simple ? Est-on certain que le moi existe ? Est-il évident ? Est-il constant ? Peut-il être clairement défini ? Les philosophes se sont peut-être précipités en posant le moi comme réalité permanente, identique invariable et simple car si l’on se pose réellement la question sur nous-même, on aurait du mal à trouver cette conception du moi. Dans un premier paragraphe, Hume énonce ironiquement la conception du moi que font certains philosophes. Dans son second paragraphe, il démontre l’absurdité de cette thèse et énonce