Cours à vincennes de deleuze
… Les caractères que nous gardons ou par lesquels nous définissons le plan d'immanence ou plan de matière. C'est la même chose. On a vu les raisons pour lesquelles moi ça m'arrangeait de parler de plan d'immanence. C'est la même chose, Bergson lui parle d'un plan de la matière. Alors toujours cette année dans mon besoin d'avoir des schémas
[Gilles Deleuze se lève et fait un schéma au tableau]
alors mon plan d'immanence : le voilà. On peut, ou on doit, au point où nous en sommes, le définir de trois façons strictement équivalentes, puisque finalement ce autour de quoi nous tournons, dans ce plan d'immanence, c'est une série d'égalités : image = mouvement = matière = lumière.
Nous retenons trois caractères fondamentaux de ce plan d'immanence ou plan de matière. Premier caractère : c'est l'ensemble infini des images-mouvement, en tant qu'elles réagissent les unes sur les autres sur toutes leurs faces et dans toutes leurs parties. Ce point, je le considère comme épuisé par nos deux séances précédentes. Deuxième caractère : ce plan c'est aussi bien la collection des lignes ou des figures de lumières, lignes et figures de lumière s'opposant à lignes rigides ou figures géométriques qui n'existent pas encore. Et, en effet, on a vu que sur ce plan des images-mouvement (tout ça est très cohérent), rien de solide ne peut être assigné, pas plus que ne peut être assigné une droite et une gauche, un haut et un bas.
Collection des lignes de lumière et des figures de lumière, entendons que c'est absolument autre chose que ce qui plus tard apparaîtra comme lignes rigides, figures géométriques, ou corps solides, et qui revient à ce statut – que nous avons vu – que Bergson donne dans des phrases qui ont l'air d'être des métaphores et qui n'en sont pas du tout puisque c'est autant de clin d'œil à la théorie de la relativité, à savoir l'idée que sur le plan de la matière qui est finalement exclusivement et uniquement lumière : la matière,