JUGER, C’EST ….DOUTER Discours d’ AGNES LAZES Présidente du TGI de SAINT NAZAIRE JUGER, c’est d’abord aimer écouter. Ecouter tout le monde, les grands et les petits, les riches et les pauvres, les forts et les faibles, le misérable et sa victime, avec la même égale attention. JUGER, c’est essayer de comprendre. Comprendre à l’aune de ses connaissances personnelles, tout en s’en méfiant, mais aussi à l’aide des sciences humaines et des techniques scientifiques de toutes sortes. JUGER, ce n’est pas s’enfermer dans sa tour d’ivoire, sauf au moment final de la décision, mais auparavant d’ouvrir grand les yeux sur le monde et d’en connaître tous les aspects sociaux, culturels et économiques. JUGER, c’est douter. De tout, de soi même, de l’institution judiciaire (comme le conseillait le Garde des Sceaux le 6 novembre 1999 aux auditeurs de justice). Mais c’est redouter les préjugés, la rumeur, les on-dit, les antipathies et peut être surtout les sympathies. Car JUGER, c’est rendre des jugements ou des arrêts mais non des services. JUGER, c’est recommencer inlassablement, sans jamais se laisser envahir par le scepticisme, la routine, la lassitude. C’est n’oublier jamais que derrière tout contentieux, fut-il répétitif et de masse, se cache une histoire unique – sacrée dirait certain. JUGER ce n’est pas chercher à être aimé, ni plaire aux uns ou aux autres, mais seulement être respecté pour la droiture de son comportement, la promptitude sans hâte de ses décisions et la qualité de celles-ci. JUGER ce n’est pas être généreux, c’est être juste. La générosité est un don qui n’engage que celui qui en fait preuve. La justice est un dû. JUGER c’est appliquer la Loi, voire l’interpréter mais jamais la faire. La République des juges est un épouvantail brandi à de mauvaises fins. La Justice n’appartient pas aux juges, c’est bien pour cela qu’ils doivent la rendre. JUGER c’est décider avec fermeté, mais sans rage, c’est combattre le crime sans haïr le criminel. JUGER c’est élever