Corpus
Dans l’extrait de Roméo et Juliette (Acte V, scène 3), William Shakespeare fait de la mort de Juliette un spectacle qui doit impressionner le spectateur, le toucher, voire l’effrayer. Cette mort est très théâtrale parce qu’elle se déroule dans un décor sinistre à souhait, un tombeau. Et pour rendre l’atmosphère encore plus lugubre, la lumière sur scène est rare. La lanterne de frère Laurence éclaire faiblement la scène et permet au spectateur, en même temps que Juliette de découvrir le visage d’un premier mort, celui de Roméo, puis de découvrir le cadavre de Pâris. La mort, ainsi mise en scène, est rendue encore plus horrible par les précisions de frère Laurence qui attire l’attention sur le corps de Pâris « baigné dans son sang ». On peut, même à la lecture, imaginer les ombres du tombeau, la pâleur des cadavres et le rouge du sang (pour les 1° L : penser que le roman gothique a utilisé ces moyens). L’auteur essaie d’éveiller par ce spectacle de la mort la pitié et la terreur, deux sentiments que la tragédie depuis les origines cherchait à faire naître chez le spectateur qui se purgeait ainsi de ses passions (la catharsis). Après la vue sinistre des cadavres, l’action s’accélère, ce qui a ajoute encore au spectaculaire, Laurence annonce l’arrivée du guet. Les bruits sont angoissants et nous découvrons aussitôt quelques autres objets tout aussi sinistres qui ajoutent de l’horreur à la scène : la coupe de poison est encore dans les mains de Roméo, ses lèvres, nous dit Juliette, sont encore chaudes. La scène se termine par deux actions vraiment spectaculaires : le denier baiser de Juliette au mort et surtout le suicide avec le poignard, autre accessoire qui, avec la coupe de poison, montre le désir de l’auteur de faire de cette mort un grand moment de théâtre. On pouvait terminer en soulignant l’importance du