contre l architecture
Architecte de formation, La Cecla fut consultant auprès de Renzo Piano et enseigne aujourd'hui l'anthropologie cultuelle à Milan et Barcelone, après avoir enseigné à la faculté d'architecture de Venise. Il a également fondé ASIA, un organisme chargé d'évaluer l'impact social des œuvres architectures. Il n'a jamais exercé sa profession d'architecte. Son premier chapitre s'intitule d'ailleurs "Pourquoi je ne suis pas devenu architecte". Ce livre raconte son malaise face à une profession en déliquescence.
Très virulent face à l'esprit dans lequel travaillent les grands architectes, il s'insurge, au travers d'une multitude d'exemples, contre l'architecture-spectacle en perte de sens, souvent cynique, dont le seul apanage réside dans le formel.
Je dois avouer avoir été profondément séduit par le regard qu'il porte notamment sur Rem Koolhaas. Ce dernier n'affirme-t-il pas pour justifier son œuvre que le shopping est l'unique espace réservé aux citoyens et leur seul mode de participation démocratique? A vrai dire, entendre ça de la part d'un architecte superstar qui construit aux quatre coins de la planète, moi, ça me dérange! J'aime encore son passage sur la fumeuse exposition "mutations" et son exploitation esthétisante de la misère du monde. Evoquant l'urgence de repenser la ville, tout en dénonçant l'incompétence et le cynisme des "archistars", qui se réfugient derrière leurs ambitions esthétiques, La Cecla nous offre ici un contrepoint salutaire.
Citant encore Mies van der Rohe, alors en quête de bonne fortune, lorsqu'il demandait si les artistes n'avait pas toujours travaillé pour les puissants?