Conte Muscambre
A. Karanikola-Christofi dans l'île de Symi et publiée en 1974.
Il était une fois un roi et une reine. Ils avaient une fille à marier et lui demand aient souvent de prendre époux, ils la priaient même d'en accepter un ; mais elle ne voulait pas en entendre parler. Puis, un jour, fatiguée par ces prières, elle dit à son père, son maître :
« Mon maître, mon roi, puisque vous voulez me marier à tout prix, veuillez donc passer une commande pour moi : je veux qu'on m'achète vingt okas de farine, une oka (1 300 grammes environ) de musc, une oka d'ambre et un pétrin ; je veux qu'on m'apporte tout cela dans ma chambre avec une cruche d'eau ; et que personne n'entre chez moi pendant quarante jours ; vous ne laisserez entrer personne, pas même un oiseau qui vole dans le ciel. L'esclave seule pourra entrer une fois par jour pour m'apporter un petit café. »
Quand tout fut acheté, elle s'enferma dans sa chambre : elle se jeta alors sur la farine, y versa les épices, y vida l'eau de la cruche et se mit à pétrir la pâte ; elle la pétrit longtemps, tant et plus, jusqu'à ce qu'elle devînt unique au monde. Elle mit alors la pâte sur la planche à enfourner et façonna un homme, mais quel homme, grand et beau ! Mais il lui parut trop long, et elle le détruisit ; puis elle recommença, elle en fabriqua un autre, puis encore un, si bien que, finalement, après tous ces essais, elle le fit tel qu'elle le voulait.
Elle se mit alors à prier, à genoux, jour et nuit ; elle priait Dieu de le faire parler. Au terme des quarante jours, le bonhomme s'assit sur la planche et parla. Il dit :
« Je dormais si lourdement et je me suis réveillé si légèrement ! »
La princesse alors ouvre les portes et se met à crier : « Venez voir, les chrétiens ! Dieu entendit mes prières et donna la parole à mon bonhomme de pâte. »
Le roi accourt aussi ; dès qu'il le voit, dès qu'il l'entend, il ordonne qu'on
l'habille