Comportemenet des électeurs et recrutement des membres
Trois grands modèles explicatifs sont traditionnellement distingués dans les démocraties occidentales. Chacun s’est affirmé à une période particulière, mais tous conservent des adeptes et continuent à trouver des prolongements.
1. Modèle socio-économique
Construit dans les années quarante sous l’impulsion de Paul Lazarfeld. Il pose en axiome que tout parti est soutenu par des classes ou des groupes sociaux repérables. Le vote est conditionné par le statut social de l’électeur, ainsi que par sa religion et son lieu de résidence (urbain ou rural). Un indice de prédisposition politique peut ainsi être calculé. Cette approche a vite fait l’objet de critiques ; dans les années soixante, un désalignement du vote par rapport aux variables socio-économiques a pu être mis en évidence.
2. Modèle socio-psychologique
Au sein du Survey Research Center de l’Université du Michigan, Angus Campbell et ses associés ont alors mis au point un modèle socio-psychologique selon lequel le vote est conditionné par des prédispositions politiques transmises de parents à enfants.
Chaque électeur conçoit dans sa prime jeunesse un attachement psychologique durable pour un grand parti ; le mécanisme d’identification partisane qui se développe en lui joue un rôle de filtre et oriente sa lecture des informations. Des observations empiriques ont partiellement invalidé cette clé de lecture. Une désaffection générale pour les partis politiques a été observée dans les années soixante-dix ; les électeurs ont alors commencé à exprimer des choix ponctuels, appuyés sur des considérations immédiates.
3. Modèle rationnel
Cette évolution a motivé la construction d’un troisième modèle, fondé sur l’idée que le comportement de l’électeur est toujours rationnel. Dans une perspective utilitariste – et à partir d’une relecture de la théorie spatiale du vote élaborée par Anthony Downs à la fin des années cinquante –, divers auteurs ont proposé de