Dans l’extrait des réflexions de Camus, nous avons une condamnation réaliste de la peine de mort. Il s’agit d’un ouvrier agricole condamné pour meurtres sur enfants et vol; ce texte est destiné à nous convaincre de l’abomination de « ce nouveau meurtre » qu’est la peine de mort d’un homme au-delà même de toute l’indignation que les meurtres commis même sur des enfants suscitent. Ce fait vécu est relaté par Camus à travers la personne de son père d’abord indigné puis révolté par de telles tueries organisées. Nous n’avons aucune marque de subjectivité mais des signes de la première personne du pluriel, « nous avons », « nous définissons » et des impératifs, « admettons ». L’analyse est ponctuée par une série de définitions comme la justice; le premier connecteur « en effet » marque le début d’un raisonnement qui se termine par le dernier connecteur « donc ». Nous avons un réel réalisme de la description, cette « réalité qui se cachait sous les grandes formules », « corps pantelant », « couper le cou ». La cruauté de cet acte rituel est perçu comme aussi révoltant et intolérable que le meurtre commis lui-même. Les deux métonymies le confirment, « nouveau meurtre », « nouvelle souillure ». Elles sont à elles seules dénonciatrices et assimilées à un meurtre consenti, un assassinat. Nous avons donc une dénonciation de cette pratique inhumaine qu’est la peine de mort qui à une valeur d’authenticité car elle est référée à un fait précis, vécu. Nous avons donc à travers cette intention de convaincre, une dénonciation de la peine de mort.