Commentaire
Le poème est construit sur deux grands mouvements qui sont articulés sur le plus court de ces vers libres, « puis », qui doit être démesurément allongé, suivant la règle implicite qui préside à l’élocution des vers libres et qui veut que, l’émission respiratoire étant égale pour chacun, un vers court est allongé, un vers long est précipité.
Le premier mouvement montre ce qui se passe avant la capture de l’oiseau : la préparation du piège et l’attente. Le second montre ce qui se passe après la capture : l’effacement de la cage, la constitution d’un décor, l’obtention ou non du chant de l’oiseau. Ainsi, le poète, qui a annoncé qu’il allait faire le portrait d’un oiseau, par une entourloupette, ne le représente pas.
S’il est question de peinture, on sent que, dans la description du travail de l’artiste, les conseils sont destinés non seulement à un peintre mais aussi à un poète. Le poème peut donc être lu comme un art poétique.
Pour tenter d’atteindre l’objet d’art, il faut une soumission à des règles, à une méthode, la connaissance d’une technique (« la cage »), une atmosphère propice à la méditation («observer le plus profond silence»), de la discrétion (l’être humain ne doit pas interférer avec la nature, Prévert lui conseillant de « se cacher derrière l’arbre, sans rien dire, sans bouger »), une longue patience («s’il le faut pendant des années» : il faut savoir prendre son temps, ne pas brusquer les choses, ne pas vouloir les faire entrer à tout prix dans un cadre). On peut voir dans l’oiseau une figure de l’inspiration qui, comme un oiseau, ne se maîtrise pas, est incertaine. L’objet de l’art obtenu, il faut supprimer les traces du travail (« effacer un à un tous les barreaux »), laisser s’exprimer sa