Commentaire sur montaigne
Qu’il lui fasse tout absorber et n’en conserve rien dans sa tête, simplement à titre d’autorité (joue sur son statut de précepteur) et de confiance (sans vérification). Les principes d’Aristote ne doivent pas être pour lui des principes, pas plus que ceux des Stoïciens ou des Epicuriens. Si on lui propose cette diversité de jugement : il choisira peut-être, ou bien il restera dans le doute. Il n’y a que les fous pour être certains et résolus.
« Non moins que savoir, douter m’est agréable ».
Car s’il embrasse les opinions de Xénophon et de Platon par son propre discours, ce ne sont plus les leurs mais les siennes. Celui qui suit un autre ne suit rien. Il ne trouve rien, voire il ne cherche rien. « Nous ne vivons pas sous un roi ; que chacun dispose de soi même ». Qu’il sache qu’il sait au moins. Il faut qu’il s’imprègne de leurs états d’esprit, non qu’il apprenne leurs préceptes. Et il faut aussi qu’il oublie, s’il veut, d’où il les tient, mais qu’il sache se les approprier. La vérité et la raison sont communes à tous, elles ne sont pas plus à celui qui les a dites premièrement qu’à celui qui les dit après. C’est n’est pas plus selon Platon que selon moi puisque nous comprenons et voyons de même. Les abeilles butinent de-ci-delà des fleurs, et elles en font après le miel qui est tout à elles ; ce n’est plus du thym ni de la marjolaine : ainsi il transformera et confondra les pièces empruntées à autrui pour en faire son propre ouvrage, c’est à dire son jugement. Son éducation, son travail d’étude ne vise qu’à former ce jugement. Qu’il cache tout ce à quoi il a eu recours, et ne dévoile que ce qu’il en a fait. Les butineurs, ceux qui empruntent, mettent en avant leur construction, leurs achats, et pas ce qu’ils tirent d’autrui. Vous ne voyez pas les rémunérations d’un homme de parlement, vous voyez les alliances qu’il a obtenues et les honneurs pour ses enfants. Nul ne rend publique le compte