Commentaire Littéraire
La cave de madame Rosa a été décrite dès le début de l’oeuvre: ce qu’elle appelle son « trou juif » est une cachette qu’elle s’est aménagée, dans la crainte d’être à nouveau recherchée et arrêtée. (p.38: un fauteuil rouge et crasseux, une commode, un chandelier à sept branches, des provisions, des pommes de terre et des sardines en boîte, un réchaud et des bougies). Mais l’ensemble est très abîmé, et peu accueillant.
Dans ce passage du chapitre 30, la caractéristique principale de la cave semble être l’obscurité, qui nécessite le recours aux bougies:
« J’ai allumé les bougies«
« Il y avait beaucoup de bougies et j’en ai allumé un tas pour avoir moins noir«
« Quand je me suis réveillé il n’y avait presque plus de bougies allumées« .
La mention de ces bougies joue également de manière symbolique: la bougie qui s’éteint est parfois considéré comme le symbole de la vie qui disparaît, une fois la vie consumée. On peut également penser à une veillée funéraire.
Le second élément terrifiant, c’est la présence éventuelle de rats, qui fait peur à Momo: « J’avais peur des rats qui ont une réputation dans les caves« . Cela renvoie plutôt à l’image d’un cachot d’une prison
Derrière l’horreur de l’agonie que décrit ici Romain Gary, il évoque surtout un amour immense capable de transfigurer la situation même: Momo permet à Madame Rosa de mourir sereinement, et il l’accompagne jusqu’au bout. En même temps, cette mise au tombeau est une épreuve pour lui, et finalement une mort symbolique également. Avec son départ pour la maison de Nadine et de Ramon, on pourra parler d’une renaissance, qui justifiera alors le titre du recueil « La Vie devant soi ».