Commentaire littéraire d’un extrait de l’ensorcelée de barbey d’aurevilly (p.247-247 de « je ne me souviens pas … » à « qui ne se la rappelle pas »).
Nous verrons dans un premier temps les nuances régionales et l’aspect religieux de cet extrait puis dans un second temps les éléments propices au fantastique.
Barbey d’Aurevilly, dans cet extrait comme dans l’intégralité de son œuvre l’Ensorcelée, choisit de conserver le patois normand (« épanté », « choeuret », « ardé », « vironnaient », « foui », « esquelette » … ). La conservation du vocabulaire normand apporte ici un aspect véridique au récit tout en laissant au conteur ses particularités régionales. Par ce choix, l’auteur exprime son amour pour la Normandie ainsi que son respect pour la tradition orale qui permet de rester fidele à la légende et à l’esprit de sa région.
Dans cette scène, Pierre Cloud surprend l’Abbé de la Croix-Jugan, pourtant décédé, donnant la messe à d’invisibles fidèles. La véracité de cette scène se construit par le respect des rites religieux. En effet, l’abbé, seul à l’autel de l’église de Blanchelande (« il n’y avait que lui à l’autel »), commence l ‘ « Introïbo » et sonne « lui-même les clochettes d’argent ». Par la suite, il va, comme à la messe de Pâques où il fut tué, réciter le « Kyrie eleison » ainsi que le « Dominus vobiscum » et se tourner face aux fidèles, ici inexistants. Il va ensuite « marmotter sa prière », en respectant toujours les principes de la messe (« se répondant toujours et sonnant aux endroits où il fallait sonner »).
Le vocabulaire ainsi que l’ordre des rites correspondent exactement à l’engouement religieux de ce récit, et apportent une