Commentaire de l'etranger, chapitre v, ii° partie
Commentaire d’un extrait de L’Etranger de Camus :
Entrevue avec l’aumônier au chapitre V, II°partie.
I- La révolte et le refus de la foi.
Meursault, à la fin du roman, est en prison pour meurtre et il reçoit une visite inopportune, celle de l’aumônier qui se propose maladroitement de prier pour lui et l’appelle « mon fils. » Cette appellation que Meursault a déjà récusée et le geste d’affection du prêtre, qui lui met la main sur l’épaule, provoquent une violente colère chez le condamné. Il rapporte à travers des métaphores ce qu’il ressent puisque le récit est en focalisation interne, comme le montrent les propositions suivantes : « quelque chose a crevé en moi », « je déversais sur lui tout le fond de mon cœur. » Ces deux verbes « crever » et « déverser » à valeur métaphorique traduisent le flot de colère qui submerge le narrateur. Ses gestes sont d’ailleurs conformes à sa rage ; il prend le prêtre « par le collet de sa soutane » et sa révolte s’exprime dans « des bondissements de joie et de colère. » En effet il s’agit bien d’une révolte, d’un refus catégorique de la vision du monde proposée par le prêtre. Meursault remet radicalement en cause la manière de vivre et de penser de ce dernier puisqu’il dit qu’il vit «comme un mort » et qu’ « aucune de ses certitudes ne valait un cheveu de femme. » C’est un refus implicite de la morale chrétienne et du célibat du prêtre ; Meursault l’hédoniste méprise l’ascèse de l’homme de Dieu. De plus, il affirme ses convictions avec force tel un orateur. La triple répétition de la locution verbale « avoir raison » dans trois propositions indépendantes juxtaposées , qui forment un rythme ternaire, et celle du plus-que-parfait du verbe faire sont les signes de la force de sa pensée, de « cette vérité » qui lui commande de clamer l’absurdité de la condition humaine.
II-