Commentaire compose racine
Acte IV, Scène 5
Introduction
Bérénice est une tragédie en cinq actes et en vers (1506 alexandrins), écrite par Racine et jouée pour la première fois en novembre 1670 à l’Hôtel de Bourgogne. Le dramaturge se serait inspiré de la romance avortée entre Louis XIV et Marie Mancini, la nièce du cardinal Mazarin. Il aurait aussi cherché à concurrencer Corneille, en cours d’écriture sur le même thème. Le caractère tragique de cette pièce naît de l’affrontement de deux impératifs inconciliables, l’amour et le pouvoir. Titus ne peut compromettre sa mission à la tête de Rome au nom de l’amour qui l’attire à Bérénice.
L’extrait étudié, qui fait partie de l’Acte IV, reflète bien ce déchirement tragique qui tiraille le protagoniste Titus dans son affrontement avec Bérénice.
Scène étudiée
Titus, Bérénice
Bérénice, en sortant.
Non, laissez-moi, vous dis-je ;
En vain tous vos conseils me retiennent ici,
Il faut que je le voie. Ah ! Seigneur, vous voici !
Eh bien ? il est donc vrai que Titus m'abandonne ?
Il faut nous séparer ; et c'est lui qui l'ordonne !
Titus
N'accablez point, Madame, un prince malheureux.
Il ne faut point ici nous attendrir tous deux.
Un trouble assez cruel m'agite et me dévore,
Sans que des pleurs si chers me déchirent encore.
Rappelez bien plutôt ce cœur qui tant de fois
M'a fait de mon devoir reconnaître la voix.
Il en est temps. Forcez votre amour à se taire,
Et d'un œil que la gloire et la raison éclaire
Contemplez mon devoir dans toute sa rigueur.
Vous-même, contre vous, fortifiez mon cœur,
Aidez-moi, s'il se peut, à vaincre ma faiblesse,
A retenir des pleurs qui m'échappent sans cesse ;
Ou, si nous ne pouvons commander à nos pleurs,
Que la gloire du moins soutienne nos douleurs,
Et que tout l'univers reconnaisse sans peine
Les pleurs d'un empereur et les pleurs d'une reine.
Car enfin, ma Princesse, il faut nous séparer.
Bérénice
Ah ! cruel ! est-il temps de me le déclarer ?
Qu'avez-vous