Comment faire l'amour avec un noir
Par Mathieu Poulin POUM19038302
Présenté à Emmanuelle Tremblay
Dans le cadre du cour Québec et francophonie FRA 2616
Université de Montréal 7 février 2005
Dans son essai intitulé Peau noire, masques blancs, le Martiniquais Frantz Fanon analyse, selon son expérience personnelle, le processus inévitable de la reconstruction identitaire de l’homme noir plongé en milieu blanc. Celui-ci étant victime du « préjugé de couleur » (sa différence, inscrite de façon explicite dans son corps, sa peau, est ainsi constatée avant toute autre chose par l’antagoniste majoritaire), l’homme noir devient Nègre, individu dépossédé de ses valeurs, de son identité, sa perception de lui-même étant désormais soumise au regard blanc. En effet, le couple « noir – blanc » supposerait toujours la présence implicite d’une troisième personne, le Nègre, cet être de clichés avec lequel le Blanc entretient véritablement la conversation; l’homme noir, parce qu’il est vu comme tel, devient donc ce qu’il représente et non ce qu’il est réellement. On n’exige pas de lui une « conduite d’homme », mais bien une « conduite d’homme noir »1. Si ce phénomène a été vécu par Fanon lors de ses études en France, il a vraisemblablement aussi été expérimenté par l’auteur Dany Laferrière lors de son arrivée à Montréal. Né à Port-au-Prince, en Haïti, Laferrière prend en effet la décision de s’exiler au Québec alors que la situation politique dans son pays natal s’aggrave et que sa vie est mise en danger. Neuf ans après son arrivée au pays, il publie son premier roman, immédiatement remarqué par la critique et le public : Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer. Le récit, essentiellement constitué d’anecdotes, relate avec un humour caustique le quotidien montréalais de deux immigrants haïtiens dont les principales activités sont l’écoute de jazz, la lecture, la méditation et, surtout, la baise. À l’intérieur du