Clivage droite gauche en politique
Alain NOEL et Jean-Philippe THÉRIEN
Dépassé, le clivage gauche-droite ? Pas du tout, répondent les politologues Alain Noël et Jean-Philippe Thérien dans le livre qu’ils viennent de publier aux PUM, La gauche et la droite : un débat sans frontières. Alors que dans les années 80 et 90 plusieurs experts ont proclamé que la mondialisation de l’économie avait fait disparaitre ce clivage et que nous assistions même à la « fin des idéologies », on est bien obligé d’admettre que le concept gauche-droite « est doté d’une formidable résilience », affirment d’emblée les auteurs, tous deux professeurs au Département de science politique de l’Université de Montréal.
Ne dit-on pas, en effet, que la gauche démocrate a repris le pouvoir aux États-Unis ? Que le Japon, l’Inde et de nombreux pays d’Amérique latine ont des gouvernements de gauche ou de centre gauche ? Que la droite québécoise cherche à se donner un parti politique ? Que la droite conservatrice est au pouvoir à Ottawa parce que le Québec vote à gauche ?
Sur la scène internationale, où les enjeux politiques sont plus complexes, la même grille d’analyse éclaire les positions de chacun relativement à la mondialisation, la guerre en Irak, la lutte contre le réchauffement climatique, la place des cultures nationales, la façon de concevoir l’Union européenne, etc. Même ceux qui ont cherché une troisième voie ont fini par réinventer une dichotomie gauche-droite, qui n’a jamais cessé d’exister, estiment les auteurs.
Des divergences quant à l’égalité
« En fait, c’est la droite qui a tendance à dire que le clivage est dépassé et qu’il faut chercher à faire pour le mieux en se fiant au “gros bon sens”. En ce sens, notre livre est un livre de gauche », déclarait Alain Noël en entrevue.
L’idée maitresse du livre est que si cette dichotomie persiste, c’est qu’elle est basée sur des positions divergentes à l’égard de l’égalité sociale.
Ce qui caractérise la