Cinna, corneille : dénouement
Introduction
Corneille, dramaturge majeur du XVIIe siècle, écrit Cinna en 1641. Dans cette pièce, le poète reprend un épisode de l’histoire romaine: Cinna, favori d’Auguste, fait des projets d’attentat contre l’empereur. Cependant ses plans sont connus par Auguste, qui finit pourtant par le gracier. Nous sommes ici au dénouement de la pièce, et tout laisse encore présager qu’Auguste fera un châtiment exemplaire, en dépit de l’amour entre sa fille adoptive Emilie et Cinna.
I. Un dénouement tragique?
A) un dénouement
Ce texte présente plusieurs caractéristiques d’un dénouement de pièce classique.
1. Deus ex machina
Tout d’abord on constate que Corneille relie ici avec la tradition classique qui fait intervenir une puissance divine à la fin d’une pièce pour dénouer l’intrigue. Ce procédé se trouvait tout particulièrement dans les pièces antiques où un dieu par un jeu de machinerie apparaissait au dessus du mur de fond de scène et intervenait directement dans la pièce en s’adressant aux autres personnages. C’est-ce qu’on appelait « deus ex machina » (un dieu depuis la machine). Ici le lien est assuré par la mention répétée de l’univers divin: « Ciel », « Sort » v.1693, « Enfers » v.1695, « Ciel » v. 1721, « Ciel » v.1748, « Destinées » v. 1749. De plus les divinités, même si elles n’apparaissent pas sur scène comme dans le théâtre antique, sont implicitement présentes puisque Auguste les interpelle « En est-ce assez, ô Ciel, et le Sort pour me nuire / A-t-il quelqu’un des miens qu’il veuille encor séduire? » v.1693-1694.
Cependant le rapport à la divinité est aussi présent sous une autre forme, qui fait à la fois le lien avec la tradition tout en la renouvelant. En effet, normalement c’est la divinité qui est en mesure de résoudre le nœud de l’intrigue. Or ici c’est Auguste qui incarne le rôle de cette divinité: il se substitue ainsi implicitement au « deus ex machina » traditionnel. Cependant cette association n’est pas