Chateaubriand
Clarisse
Oui, je me plais, Clarisse, à la saison tardive, Image de cet âge où le temps m'a conduit ; Du vent à tes foyers j'aime la voix plaintive Durant la longue nuit.
Philomèle a cherché des climats plus propices ; Progné fuit à son tour : sans en être attristé, Des beaux jours près de toi retrouvant les délices, Ton vieux cygne est resté.
Viens dans ces champs déserts où la bise murmure Admirer le soleil, qui s'éloigne de nous ; Viens goûter de ces bois qui perdent leur parure Le charme triste et doux.
Des feuilles que le vent détache avec ses ailes Voltige dans les airs le défaillant essaim : Ah ! puissé-je en mourant me reposer comme elles Un moment sur ton sein !
Pâle et dernière fleur qui survit à Pomone, La veilleuse en ces prés peint mon sort et ma foi : De mes ans écoulés tu fais fleurir l'automne, Et je veille pour toi.
Ce ruisseau, sous tes pas, cache au sein de la terre Son cours silencieux et ses flots oubliés : Que ma vie inconnue, obscure et solitaire, Ainsi passe à tes pieds !
Aux portes du couchant le ciel se décolore ; Le jour n'éclaire plus notre aimable entretien : Mais est-il un sourire aux lèvres de l'Aurore Plus charmant que le tien ?
L'astre des nuits s'avance en chassant les orages : Clarisse, sois pour moi l'astre calme et vainqueur Qui de mon front troublé dissipe les nuages Et fait rêver mon coeur.
Invocation
Je voudrais célébrer dans des vers ingénus Les plantes, leurs amours, leurs penchants inconnus, L'humble mousse attachée aux