Conclusion du 2.1/Ch3 Le capital social : quel rôle pour la recherche d'emploi ? Si le marché est un lieu de rencontre entre des offreurs et des demandeurs, il ne faut pas pour autant en conclure que ces acteurs entrent spontanément en contact les uns avec les autres. Les sociologues ont montré que la situation est souvent différente de cela. Sur le marché de l'emploi, par exemple, offreurs et demandeurs d'emploi peuvent certes se rencontrer grâce à des candidatures spontanées ou la réponse à des petites annonces, mais également par le biais d'institutions comme « Pôle Emploi » ou par la mobilisation de réseaux de connaissances et d’interconnaissance : famille, amis, anciens collègues, anciens camarades de classe... Selon les cas, certains types de liens apparaitront comme plus efficaces : d'après le socio-économiste américain Mark Granovetter (né en 1943), qui a mené une enquête sur des « cols blancs » de Boston, ce sont surtout des « liens faibles » (ou distendus) qui leur permettent de trouver un emploi (connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un…). C’est pourquoi Granovetter a pu parler de la « force des liens faibles » : « les individus avec qui on est faiblement liés ont plus de chances d’évoluer dans des cercles différents [des cliques] et ont accès à des infirmations différentes de celles que l’ont reçoit ». Des recherches faites en France permettent de montrer la prépondérance des « liens forts » (liens directs avec des proches, famille notamment) pour les catégories populaires, car ces dernières sont moins bien dotées en « liens faibles » utiles. L'ensemble du réseau de relations (« réseau social ») qu'un individu est susceptible de mobiliser dans son intérêt pour accéder à des ressources rares constitue pour lui un véritable « capital social » qui est d’autant plus élevé et utile que l’on monte dans la hiérarchie sociale. Selon Pierre Bourdieu, le capital social a la propriété de démultiplier les effets du capital économique et