Bourdieu HABITUS
Quand il conçoit des hypothèses envisageant pour les tester des explications et des compréhensions relatives aux représentations et aux pratiques des individus et des groupes, le sociologue de notre tradition sociologique se trouve entre deux grandes options de causalité : l’objectivisme et le subjectivisme. D’un côté l’objectivisme commande une vision du social où les pensées et les actions des humains sont déterminées régulièrement par les conditions matérielles de leur vie, conditions antérieures à eux et influant sur tout ce qui sera ultérieur à eux en étant retraduites par delà les spécificités des réactions humaines (les travaux d’Émile Durkheim sont autant d’illustrations de cet objectivisme). De l’autre côté se propose le subjectivisme où les représentations et les pratiques des individus doivent être prises dans leur spontanéité comme point de départ pour saisir d’une façon compréhensive le sens de l’institution et de l’évolution des conditions matérielles de vie (les recherches de Max Weber tendent ainsi à exemplifier ce subjectivisme).
Toutefois, entre ces deux options, l’opposition et l’indépendance ne sont pas aussi fondamentales qu’on pourrait le présupposer. En effet, entre la causalité externe de l’objectivisme et la compréhension interne du subjectivisme, Pierre
Bourdieu, dans le texte suivant, attire notre réflexion sur les habitus, « structures structurées structurantes » où les groupes humains sont formés par leurs conditions initiales et forment dans ce cadre leurs conditions ultérieures,
“Pierre Bourdieu, L’habitus en sociologie entre objectivisme et subjectivisme” 4 entre conditionnement et liberté. Ces habitus ainsi constituent les objets d’un mode de pensée sociologique qui peut réunir et dépasser les positions partielles et partiales des deux précédents modes d’approche.
Bernard Dantier