bobosi
Divins esprits, dont la poudreuse cendre
Gît sous le faix de tant de murs couverts,
Non votre los, qui vif par vos beaux vers
Ne se verra sous la terre descendre,
Si des humains la voix se peut étendre
Depuis ici jusqu'au fond des enfers,
Soient à mon cri les abîmes ouverts
Tant que d'abas vous me puissiez entendre.
Trois fois cernant sous le voile des cieux
De vos tombeaux le tour dévotieux,
A haute voix trois fois je vous appelle:
J'invoque ici votre antique fureur,
En cependant que d'une sainte horreur
Je vais chantant vostre gloire plus belle.
II
Le Babylonien ses hauts murs vantera,
Et ses vergers en l'air, de son Ephesienne
La Grèce décrira la fabrique ancienne,
Et le peuple du Nil ses pointes chantera:
La même Grèce encor vanteuse publiera
De son grand Jupiter l'image Olympienne,
Le Mausole sera la gloire Carienne,
Et son vieux Labyrinth' la Crète n'oubliera.
L'antique Rhodien élèvera la gloire
De son fameux Colosse, au temple de Mémoire:
Et si quelque oeuvre encor digne se peult vanter
De marcher en ce rang, quelque plus grand faconde
Le dira: quant à moi, pour tous je veux chanter
Les sept coteaux romains, sept miracles du monde.
III
Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome
Et rien de Rome en Rome n'aperçois,
Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois,
Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on nomme.
Vois quel orgueil, quelle ruine : et comme
Celle qui mit le monde sous ses lois,
Pour dompter tout, se dompta quelquefois,
Et devint proie au temps, qui tout consomme.
Rome de Rome est le seul monument,
Et Rome Rome a vaincu seulement.
Le Tibre seul, qui vers la mer s'enfuit,
Reste de Rome. Ô mondaine inconstance !
Ce qui est ferme, est par le temps détruit,
Et ce qui fuit, au temps fait résistance.
IV
Celle qui de son