Black Blocs
À travers la pollution médiatique jetée sur le phénomène des black blocs, le livre de Francis Dupuis-Déri veut percer les jugements et les stéréotypes négatifs portés sur eux. Il adopte une approche autant distancée que personnelle pour exprimer le sens-même d’être un black bloc et ce que cela comporte. Qu’est-ce que cela veut dire, faire partie d’un black bloc? Entre la nature humaine et la rationalité, il justifie la raison qui explique leurs actions, leurs motifs et leurs valeurs autant que leurs forces et leurs faiblesses.
LE PRINCIPE D’IDENTITÉ DE L’ACTEUR DONT IL EST QUESTION
« Le Black Bloc désigne autant une tactique de manifestation, une forme d'action collective que des groupes d'affinité aux contours contingents. Avant et après une action, un Black Bloc n’existe pas. »1 En d’autres mots, un black bloc n’a pas d’identité spécifique. Les membres d’un groupe se vêtissent en noir, gardent leur anonymat et manifestent selon leur gré; il est donc impossible de définir le nombre exact de membres du Black Bloc. Ces derniers apparaissent vers les années 1980 lors du mouvement autonome (Autonomen) de Berlin-Ouest. Cette tactique, qui avait été pour la première fois utilisée lors ce mouvement, a suscité beaucoup de réactions auprès de la société et des médias. Plus tard, elle a amené les forces policières à vouloir la combattre. Vers 1986, le plus important Black Bloc de l’histoire s’est formé pour défendre le squat Hafenstrasse2 : environ 1500 personnes, vêtues en noir et protégées par 10000 manifestants, ont défendu le squat. Un peu plus d’une dizaine d’années plus tard, la bataille de Seattle, qui a lieu en 1999 et qui est probablement le black bloc le plus connu, éclate : un black bloc a fait une entrée des plus brutales dans le mouvement d’antimondialisation et cela leur a permis une grande élancée médiatique3. Et c’est ainsi qu’au fil des années ils se retrouvent un peu partout dans le monde :