Birmanie
Le dimanche 7 février, quelque 30 millions d’électeurs ont voté. Ce premier scrutin depuis les élections de mai 1990, celles qui avaient vu la victoire de la LND à une écrasante majorité (80 % des votes), a été suivi de près par la communauté internationale. Même si les sceptiques sont dubitatifs sur l’intérêt d’un exercice électoral verrouillé, certains espèrent que ce scrutin marquera dans l’histoire de la Birmanie, le début d’un changement.
Un scrutin joué d’avance ? Si la junte a accepté le principe d’élections, elle a pris garde à le verrouiller. Ainsi, par une série d’articles constitutionnels (constitution de 2008) et de lois électorales (2010), les militaires au pouvoir ont mis en place des garde-fous pour éviter que le processus échappe à leur contrôle : interdiction de défiler sans autorisation et de brandir des bannières, de scander des slogans, de provoquer des "troubles" dans les lieux publics, de critiquer la junte et l'armée... Les méthodes habituelles ont été maintenues : police politique partout présente, surveillance étroite par un réseau d’informateurs au service du pouvoir (notamment surveillance informatique), brimades, tortures, pas d’accès équitable à des médias contrôlés, propagande et désinformation. La meilleure illustration concerne la façon dont Aung San Suu Kyi a été écartée du processus électoral (les Birmans qui disposent de la double nationalité n’avaient pas la possibilité de se présenter comme ceux qui ont fait de la prison), placée en résidence surveillée et son parti dissout (septembre 2010) alors qu’il avait décidé de boycotter le scrutin, estimant qu’il n’était « ni libre, ni démocratique ».
Pour autant, faut-il d’emblée condamner l’exercice et déplorer avec nombre d’ONG « la mascarade démocratique » ?
De vrais enjeux politiques Cependant, même phagocyté, la tenue du scrutin a de l’importance. D’abord, parce que ces élections constituent aux yeux de la junte,