Berserk tisse la toile d’un monde d’horreur et de violence qui se déploie au cœur d’un univers imaginaire, évoquant l’Europe médiévale. Cet espace inquiétant est le théâtre de drames d’autant plus dérangeants qu’ils paraissent vraisemblables, aussi insoutenables soient-ils. Pourtant l’auteur n’y décrit pas une page du passé historique, mais nous invite à naviguer dans un univers de dark fantasy, suivant des personnages pris au piège du cauchemar de la causalité du monde. L’histoire de Berserk tourne autour de Guts (prononcé Gattsu), surnommé le guerrier noir. Après l’avoir suivi pendant trois tomes, le manga retrace le passé du personnage, de sa naissance à son traumatisme, source de tous les maux du présent, et symbolisé par la marque du sacrifice. Ce long flashback qui s’étend du tome 3 à 14 représente l’arc le plus intense de la série : L’Âge d’or, relatant l’ascension et la chute de la troupe du Faucon. Au-delà, nous virons dans un monde de ténèbres, les horreurs qui parsèment les trois premiers tomes prennent alors sens, et nous ne pouvons que soutenir Guts dans son implacable quête de vengeance. Celle-ci s’accomplit le long d’un chemin sanglant où sa force vitale se nourrit d’une haine sans bornes dirigée vers l’autre personnage important du manga : Griffith, le chef des mercenaires de la troupe du Faucon, personnage aussi fascinant qu’ambigu. La haine du guerrier noir est cependant éclairée par son amour pour Casca, jeune femme traumatisée dont il tente d’assurer la protection. Comme lui, elle faisait partie de la troupe du Faucon. Comme lui, elle est porteuse de la marque. Ces sentiments antagonistes font de Guts le personnage archétype tant porté par Éros que par Thanatos et ainsi à même de représenter les pulsions résidant en tout